B2: Ecriture inclusive – comprendre le débat

Avez-vous appris qu’en français le masculin l’emporte sur le féminin? La grammaire française valorise le genre masculin pour accorder les pluriels. Aujourd’hui, cette règle est remise en cause et certains voudraient imposer l’écriture inclusive. Je vous invite à lire cet article du 25/02/2021 pour mieux comprendre ce débat.

Lisez l’article et répondez aux questions de compréhension.

Ecriture inclusive: cinq minutes pour comprendre le retour du débat sur son interdiction

Dans une proposition de loi déposée à l’Assemblée nationale, le député (LREM) François Jolivet, soutenu par 60 autres élus de la majorité et de l’opposition, souhaite l’interdiction de l’écriture inclusive dans les documents administratifs. De quoi relancer un débat qui divise en France.

Par Elie Julien Le 25 février 2021 à 13h29, modifié le 25 février 2021 à 15h07

C’est un sujet qui oppose, depuis plusieurs années, les générations et les élus. Le député (LREM) de l’Indre, François Jolivet, vient de déposer une proposition de loi visant « l’interdiction de l’usage de l’écriture inclusive pour les personnes morales en charge d’une mission de service public ». Il est soutenu par 60 députés de la majorité mais aussi de l’opposition. Selon eux, cette écriture « n’est pas comprise de tous » et génère notamment « des difficultés pour les malvoyants ». Retour sur un débat passionné.

Que contient la proposition de loi ?

Cette proposition a été enregistrée par la présidence de l’Assemblée nationale ce mardi. En plus de François Jolivet (LREM), on retrouve le nom de 60 députés, certains de la majorité, d’autres exclus de celle-ci mais aussi des membres de l’opposition.

Tout en commençant par un « Mesdames, Messieurs », qui relève d’ailleurs de l’écriture inclusive, le député de l’Indre propose que soit interdite « dans les documents administratifs, l’usage de l’écriture dite inclusive, qui désigne les pratiques rédactionnelles et typographiques visant à substituer à l’emploi du masculin, lorsqu’il est utilisé dans un sens générique, une graphie faisant ressortir l’existence d’une forme féminine ». Ainsi, cela s’appliquerait « aux documents produits par les administrations et par les organismes et personnes chargés d’une mission de service public ».

Dans leur viseur, les parlementaires s’offusquent de l’usage dans des publications officielles de « mots nouveaux » comme « iels » pour « ils/elles », « toustes » pour « tous/toutes », « celleux » pour « celles/ceux », « Cher·e·s lecteur·rice·s déterminé·e·s ». Ils jugent que ce chemin pour l’égalité entre les femmes et les hommes est « déroutant ».

Pour les défenseurs de ce texte, se basant sur des experts, l’écriture inclusive génère des difficultés pour les dyslexiques mais aussi les malvoyants pour qui « les dispositifs de lecture qu’ils utilisent sont inopérants ».

Si on ne sait pas encore lorsque celle-ci sera débattue, on peut rappeler qu’en juillet dernier, Marine Le Pen et les députés du Rassemblement national avaient déposé une proposition de loi très proche de celle-ci. Elle n’avait pas été retenue.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

Pour le moment, aucun texte ne contraint celles et ceux qui veulent écrire autrice ou pompière, voire étudiant.e.s. Pour autant, la proposition de loi utilise un avis officiel de l’Académie française, d’octobre 2017, qui alertait d’une possible « confusion qui confine à l’illisibilité ».

Car ce débat est apparu au cœur de la sphère politique en 2017 lorsque les éditions Hatier ont publié un manuel scolaire rédigé en écriture inclusive. Le gouvernement semblait alors contre son utilisation Le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, ne souhaitait pas que l’écriture inclusive soit utilisée dans les manuels scolaires. Le Premier ministre Édouard Philippe signait une circulaire qui recommandait de ne pas l’utiliser dans le Journal officiel.

Marlène Schiappa, alors Secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, jugeait « problématique » la volonté de changer les règles d’accord des adjectifs au profit de « l’accord de proximité », dont 314 professeurs de français réclamaient le retour dans une pétition publiée sur Slate.fr.

Ce mercredi, Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement a balayé le sujet et estimé «important de se consacrer aux priorités de notre pays», citant notamment la crise sanitaire, la crise économique ou encore la lutte contre le séparatisme. Plus tôt, la ministre déléguée à l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, avait également estimé sur LCI qu’il y avait «d’autres combat» à mener. «Commençons par les combats qui ont le plus d’impact pour les Françaises», avait-elle ajouté.

Quel est l’objectif de l’écriture inclusive ?

Pour les défenseurs de l’écriture inclusive, celle-ci vise à mettre sur un pied d’égalité les femmes et les hommes. Cela peut se traduire de différentes manières comme l’accord au féminin (pour les métiers), les accords de majorité (écrire chères étudiantes lorsqu’elles sont majoritaires dans un cours), la double flexion (Mesdames et Messieurs) ou encore le point médian, « citoyen.e.s. »,

Selon Auphélie Ferreira, doctorante en Sciences du langage à l’Université Sorbonne Nouvelle Paris, c’est surtout ce dernier point qui « cristallise le débat ». « Les mots autrice ou doctoresse existaient déjà au XVIIe siècle mais ont été supprimés par Richelieu et l’Académie française qui étaient machos. Ce qui a entraîné une masculinisation du français », explique l’experte, qui rappelle que le Général de Gaulle avait fait grincer des dents en disant « Françaises, Français ».

Selon la sociolinguiste, l’écriture inclusive est déjà utilisée, sans s’en rendre compte, par des millions de Français, notamment pour les accords de proximité. « D’ailleurs, la double flexion ne pose aucun problème pour les dyslexiques, ni l’usage des mots avocate ou doctoresse », rappelle-t-elle.

En revanche, une étude de Pascal Gygax, psycholinguiste, révélait que la masculinisation de la langue « induit des représentations mentales biaisées, favorables aux hommes ». Des enfants à qui l’on enseigne les métiers « d’avocat et d’infirmière » penseront que le premier s’adresse plutôt aux hommes et le second aux femmes. « C’est pourquoi les enfants ont besoin d’avoir du féminin car le masculin n’est pas neutre. Toutefois, à l’école, ces jeunes ont plus de difficulté de compréhension avec le point médian », note la spécialiste.

Auphélie Ferreira de conclure : « Finalement, c’est l’usage qui fera la langue. Les gens peuvent varier les utilisations selon leurs envies ».

Source: https://www.leparisien.fr/societe/ecriture-inclusive-cinq-minutes-pour-comprendre-le-retour-du-debat-sur-son-interdiction-25-02-2021-SQCAVU6Z55EX3FBZPBXYJFEEP4.php

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"C’est pourquoi les enfants ont besoin d’avoir du féminin car le masculin n’est pas neutre" La cause et la conséquence Le féminin