B2: (peine de mort) Victor Hugo – le dernier jour d’un condamné (CE)

La peine de mort a été abolie en France en 1981. Elle est encore en vigueur dans de nombreux pays. Dès 1829, Victor Hugo essayait de convaincre que ce châtiment n’était pas adapté à la dignité humaine.

Lisez cet extrait du livre “Le dernier jour d’un condamné” et répondez aux questions de compréhension.

Préface du Dernier jour d’un condamné (extrait)

Ceux qui jugent et qui condamnent disent la peine de mort nécessaire. D’abord, – parce qu’il importe de retrancher de la communauté sociale un membre qui lui a déjà nui et qui pourrait lui nuire encore. – S’il ne s’agissait que de cela, la prison perpétuelle suffirait. À quoi bon la mort ? Vous objectez qu’on peut s’échapper d’une prison ? Faites mieux votre ronde. Si vous ne croyez pas à la solidité des barreaux de fer, comment osez-vous avoir des ménageries ?
Pas de bourreau(1) où le geôlier(2) suffit.
Mais, reprend-on, – il faut que la société se venge, que la société punisse. – Ni l’un, ni l’autre. Se venger est de l’individu, punir est de Dieu.
La société est entre deux. Le châtiment est au-dessus d’elle, la vengeance au-dessous. Rien de si grand et de si petit ne lui sied. Elle ne doit pas “punir pour se venger” ; elle doit corriger pour améliorer. Transformez de cette façon la formule des criminalistes, nous la comprenons et nous y adhérons.
Reste la troisième et dernière raison, la théorie de l’exemple. – Il faut faire des exemples ! il faut épouvanter par le spectacle du sort réservé aux criminels ceux qui seraient tentés de les imiter ! – Voilà bien à peu près textuellement la phrase éternelle dont tous les réquisitoires des cinq cents parquets de France ne sont que des variations plus ou moins sonores. Eh bien ! nous nions d’abord qu’il y ait exemple. Nous nions que le spectacle des supplices produise l’effet qu’on en attend. Loin d’édifier le peuple, il le démoralise, et ruine en lui toute sensibilité, partant toute vertu. Les preuves abondent, et encombreraient notre raisonnement si nous voulions en citer. Nous signalerons pourtant un fait entre mille, parce qu’il est le plus récent. Au moment où nous écrivons, il n’a que dix jours de date. Il est du 5 mars, dernier jour du carnaval. À Saint- Pol, immédiatement après l’exécution d’un incendiaire nommé Louis Camus, une troupe de masques est venue danser autour de l’échafaud(3) encore fumant. Faites donc des exemples ! le mardi gras vous rit au nez.

Victor Hugo

(1): bourreau = celui qui exécute
(2): geôlier= celui qui surveille la prison
(3): échafaud: plateforme en bois sur laquelle sont exécutés les condamnés

Questions de compréhension:

Questions pour mieux comprendre le sens:


"il faut que la société se venge, que la société punisse." Le subjonctif présent